dimanche 20 mars 2016

L'EXPLOIT DE L'HIVER !

OU: LA MONTÉE AU MÂT


LA PAGE DU CAPITAINE

Dans beaucoup de domaines,
 il est « des spécialistes ». 
Dans le nautisme à voile, 
c’est particulièrement vrai. 
Dès qu’un problème arrive,
 et qu’il est connu du ponton, 
la nouvelle envahit très vite la marina, 
a fortiori lorsqu’elle se trouve à Monastir. 

La diaspora européenne 
se serrant plus ou moins les coudes, 
il est peu probable de ne pas connaitre 
les difficultés  de Pierre, John ou Helmut,
pour ne citer que les principales nationalités… 

C’est ainsi que l’on découvre, 
souvent avec  bonheur, et contre toute attente, 
que Tartempion touche sa bille en mécanique,
 que son pote est fort habile en électricité... 
(Alors, sachez qu’en Tunisie, c’est le mot français 
qui comporte le plus de  « i » : i l i c t r i c i t i.) 
etc. …etc.

Mais dans le petit monde de la voile, 
il est une spécialité, 
qui se démarque de toutes les autres, 
 je veux parler du "grimper de mât ". 

Hé oui, il s’en passe, là haut, 
à la tête de mât. 
Girouette, anémomètre, réas, têtes de haubans,
 de bas-hauban, vérification des passages de drisses, 
connexions électriques du feu de mouillage, 
du feu de hune, branchement de l’antenne VHF… 

Comme vous pouvez le comprendre, 
les raisons de faire le singe
 tout là-haut ne manquent pas. 

On se demande alors pourquoi,  dans les marinas, 
on ne voit pas plus de gens bricoler près des cieux, 
ne serait-ce que pour l’entretien 
et les vérifications courantes de tout ce qui s’y trouve.

C’est que là-haut, ma bonne dame, il faut y aller…

 Les bateaux de croisières actuels 
font  en moyenne dix / douze mètres de long, 
et leur mât, entre quatorze et seize mètres de haut.

Le mât de cocagne de ma jeunesse,
 où on décrochait les saucissons, saucisses, 
voire jambons, était bien moins haut, 
et ceux qui s’y essayaient,  
ne mangeaient pas  toujours 
de la charcutaille le soir,  
sujets qu’ils étaient à quelques 
malaises des hauteurs.

Nos plaisanciers,  propriétaires de leur navire, 
souvent aussi, proches de la retraite, ou  retraités, 
n’apprécient que très relativement le plaisir 
de contempler une marina vue d’en haut, 
répugnant de se retrouver malgré eux à  faire le singe 
lorsqu’un autre bateau passe. 
(Vous savez, lorsque vous vous promenez 
dans un port 
et que vous entendez, tout d’un coup, 
bling, gling, gling 
et que vous voyez les bateaux danser );
enfin bref, nos quinqua, sexa, septua, octo…génaires, 
s’ils peuvent faire faire la besogne par d’autres….
ne s’en privent pas.

Et ils n’ont pas tout à fait tort, je l’avoue.

Pourtant, pour cette périlleuse ascension du mât,
 ils ont des  « outils » à leur disposition, 
plus ou moins pratiques, nécessitant de l’aide ou pas ...
 Marches, disgracieuses, rivées sur le mât, 
mais terriblement efficaces;
 la fameuse chaise de mât, qu’un ami 
(cela vaut mieux pour celui qui monte, 
qu’il ne lui veuille que du bien !!!), 
monte à l’aide du winch, 
qui fait ressembler le bonhomme à un pendule, 
ne bénéficiant pas d’appui, 
suspendu dans le vide, 
à l’affût du moindre craquement 
ou d’une rupture de la drisse 
 - ce qui d’ailleurs n’arrive jamais. 
Et pour clore, assis sur cette planche,  
on n’arrive jamais vraiment 
jusqu’à la tête de mât.  

C’est  donc très difficile 
pour y travailler sérieusement. 

Enfin  il reste  à votre disposition 
un autre système astucieux 
dont je parlerai plus loin.

Tout cela pour vous dire, qu’hier, j’ai décidé 
de faire faire la besogne par Daniel, 
qui lui, grimpe là-haut 
comme il allume une clope, 
et qui se propose toujours
 pour aider celui qui  en a besoin.
C’est le spécialiste dont je vous parlais  
au tout début. 

De plus, le « spécialiste » était très intéressé 
par ce  nouveau système, dont j’ai fait  l’acquisition 
il y a quelques mois, 
et que j’ai voulu expérimenter. 

Mais à chaque fois, je ne suis pas arrivé là-haut 
parce que…. 
Pas du tout  à l’aise, mais alors pas du tout...

Après trois tentatives, 
m’élevant cependant un peu plus à chaque fois, 
j’ai étudié ce nouveau système pour, à mon avis, 
trouver ce qu’il lui fallait de plus 
pour être vraiment efficace.

Ce système consiste en une sangle, 
où sont cousues de part et d’autre des marches . 
Fermement étarquée en pied de mât, 
à l'origine,
cette échelle est collée au mât 
et il n’y a plus qu’à monter. 
Cependant l’ensemble reste souple 
et pas assez solidaire du mât. 

Et c’est là qu’intervient la modification 
qui en fait un outil vraiment efficace. 

A toutes les marches,
 j’ai fait poser un coulisseau de grand voile, 
et une fois installée, l’échelle de mât 
devient absolument solidaire du mât 
et le tour est joué. 

Encore faut–il tester la chose.


Un peu de pub !



Mohamed a cousu les coulisseaux sur la sangle.
(Solidement . . .  Inch'Allah)



Hier donc, Daniel s’essaye à l’ascension, avec succès, 
démonte l’anémomètre grippé 
et redescend en déclarant, 
« ça va impeccablement !». 

Venant d’un spécialiste, me voilà  
et rassuré pour la modif, 
et motivé, à tel  point que je décide, 
après réparation de l’anémomètre, 
d’aller le réinstaller à sa place….
tout là-haut.

VICTOIRE.
J’ai réussi, 
c’est la première fois que je réussi cette grimpette, 
sans appréhension, pas forcément  à l’aise, 
mais surement capable d’y retourner. 

Comme quoi un exploit est toujours possible.




E N   I M A G E S


Dernier salut avant la montée.
Ave, Brigitte...

Sous la surveillance de Daniel,
le spécialiste de la grimpette.

Daniel assure Armand grâce à la drisse du spi
fixée au harnais de sécurité.


La grosse bête qui monte . . .


. . . qui monte . . .



Au niveau de la seconde barre de flèche.



Bonne visualisation des "marches"
et des coulisseaux pris dans la gorge du mât.

La sangle (jaune) du harnais de sécurité
est fixée autour du mât.




A 14 mètres du pont !
N'a même pas pensé à prendre un appareil photo . . .




Cela  méritait bien un reportage.

PS: pour ceux qui pourraient se poser la question:
Armand est redescendu du haut du mât.