Mardi 16 Avril.
Il est 10 heures lorsque nous quittons Funchal.
Direction:
PORTO SANTO.
Pour les navigateurs, le capitaine se met au clavier.
Bonjour
lecteurs assidus.
Une
fois n’est pas coutume, le capitaine vous raconte…
Veille
de ce mardi 16 avril : consultation des fichiers météo, lesquels sont
minutieusement étudiés, comparés, agrémentés des : « et si… », « au
cas où… », « on ne sait jamais… ».
Bref,
évocation des différents cas de figure qui se termine presque toujours
par : « on verra bien, de toutes façon, ce sera comme ça sera !!! ».
Et
oui vous l’avez bien compris, quoique l’on fasse, la météo, science totalement
inexacte depuis que nous naviguons, n’est là que pour nous rassurer, nous
donner le top départ de moult navigations qui ne se sont pas, mais alors là
pas du tout, déroulées comme prévu, forçant souvent à des diètes non inscrites au menu et des insomnies dues à
des crampes de tout le système digestif, qui bien malgré lui, non seulement
répugne à absorber quoique ce soit, mais en plus à force de contractions
répétées, cherche à se dégager d’un quelconque relief, qui n’existe pas, puisqu’au régime forcé.
Bref
avec la météo mieux vaut se préparer au régime plutôt qu’à stresser avant le
départ pour savoir si l’on a rien oublié.
Ceci
dit dans mon propos d’aujourd’hui, les victuailles et leur quantité ne posaient
pas de problème particulier, puisque notre navigation n’allait durer que
quelques heures, le temps nécessaire pour parcourir les 44 mn (81 Km) qui nous
séparent de Funchal, capitale de Madère, de l’île voisine, Porto Santo.
Cependant
il est tout de même important de prendre la météo, même incertaine, pour le
départ.
C’est
chose faite, ce sera mardi 16 Avril à 10 h, avec vent portant légèrement
N/O dont la force devrait monter au fil des miles.
J’opte
pour la stratégie consistant à me dégager le plus possible du sud de Madère pour ensuite tirer tout droit
jusqu’à
Porto Santo.
Ce
ne fut pas chose simple, le vent variant en force et direction nous obligeant à
passer les voiles d’un bord à l’autre et « lycée de Versailles ». Suffisamment
écartés de l’île, nous arrivons tant bien que mal à maintenir le bateau plein
vent arrière, voiles en ciseaux (que c’est beau), difficiles à tenir.
Bref
nous faisons du cap mais avons pas mal allongé la distance à parcourir.
Arrivés
à la pointe sud-est de Madère, le vent monte et les creux se forment. Les
vagues déferlent, s’écrasant contre la jupe, et très vite le pilote m’indique
que :
1)
il
faut réduire,
2)
il
faut barrer,
3)
les
tentatives de départ au lof et à l’abattée
se font plus fréquentes et que
4)
je
suis un cave d’être resté les voiles en ciseaux
dans ces conditions.
C’est à ces moment que mes souvenirs me
renvoient à l’époque du succès télévisé de l’homme orchestre, à la différence,
que la musique n’est pas la même, et que la scène n’a pas la même stabilité.
Bon je ne rentrerai pas dans les détails mais je suis venu à bout des
manœuvres, non sans quelques appréhensions, mais avec succès.
Le
reste de la route s’est déroulé somme toute assez bien, jusqu’au moment où nous
passons l’extrémité sud-ouest de
Porto Santo, où les conditions sont encore
plus difficiles que celles précédemment décrites, le vent ayant atteint la trentaine de nœuds .
Le
port est en vue, pas de place nous prévient Kestrel arrivé avant nous mais,
bonheur, nous pouvons mouiller dans le port, bien que celui-ci soit bien
occupé.
Nous nous glissons entre deux bateaux, l’ancre tient bon, le vent
souffle….
Il est temps de sortir un bon poulet basquaise que j’ai cuisiné puis
mis en conserve. Avec du riz, un bon coup de vin, une douche, un comprimé pour
dormir et bonne nuit les petits….
Poum poum poum …poum poum: gros nounours vous
dit au dodo.
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