Le Prophète était un lève-tôt ;
toute grasse matinée était du temps perdu pour la prière. Donc, s’est-il dit,
faisons faire la première des prières journalières au lever du jour…
Le lever du jour, en cette période estivale,
et sous cette latitude, c’est 2 h 30, soit 3 h 30 à l’heure tunisienne, moment
où le muezzin du haut de son minaret - c'est un vrai muezzin et non un CD programmé – rappelle que Dieu est grand.
C’est donc à cette heure plus que
matinale que le réveil a sonné
le Dimanche 10 Juin, pour un départ
prévu à 4 h.
Horus n’a pas daigné ouvrir un œil,
mais j’ai senti son étonnement
« Ils sont fous, ces humains »,et sa désapprobation…
Déjeuner et habillage rapides, et voilà
Armand parti, passeports en poche, faire la sortie…
Après une heure d’attente, je
m’interroge : serait-ce un enlèvement ? Vont-ils demander une
rançon ? Lui arrachent-ils les ongles pour qu’il avoue ou il a acheté sa
djellaba ?
Enfin, le voilà, accompagné de deux
policiers rigolards et bonnards,
qui ont dû réveiller tout le quai, et
par un troisième individu,
visiblement perturbé dans son
sommeil, à la mine patibulaire (ou presque )…J’ai intuitivement perçu qu’il
allait nous faire payer son réveil intempestif.
-
Bonjour
Madame, je suis le douanier, je vais inspecter votre bateau.
- Mais je vous en
prie, entrez donc
- Vous avez quelque
chose à déclarer ? Des armes ?
Moi (battement de cils innocent )
-
Ben,
non…
-
- Vous n’avez pas de fusils ?
Moi, intérieurement : Ciel ! My God ! Mon
Allah ! Il sait tout, nous avons été trahis…puis, l’air naturel :
- - Des
fu...des fufu…des fusils ??
- - Non,
des fusées !
En quoi les fusées de détresse peuvent-elles intéresser un
douanier ? Les aurions-nous achetées en contrebande ?
Que nenni ! L’intérêt des fusées est que ça péte au
mariage de la fille ou de la sœur, ou que ça se revend, même dépassée la date
fatidique….Il a fallu que je lui montre les fusées !
-
Vous
avez de l’alcool ? Je peux voir votre bar ? ….Vous avez des réserves ?
Je soulève donc le
plancher, pour montrer « les réserves » ,
au moment ou Armand me demande du
cockpit : « reste-il une bouteille de whisky ? »
Sacrebleu, la bouteille était pour
les flics, et voilà que je la donne au douanier pas sympa ! En plus je me
trompe de bouteille, et à la place du bas de gamme acheté en prévision des bakchich
alcoolisés, je donne un whisky JB, gagné par Armand au dernier concours de
contrée à L’Hippocampe !
La journée démarrait sur les chapeaux
de pare-battage…
Le départ a eu lieu à 5 h 15 , salué
par les policiers toujours joyeux,
qui n’auront pas droit au whisky, et
par le douanier, qui a retrouvé le sourire, on ne va pas se demander pourquoi…
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