Les premiers rayons de soleil vraiment bénéfiques font leur
apparition après six mois d’hibernation. J’en entends déjà certains dire : « Hibernation
en Afrique, fusse-t-elle du nord, Afrique quand même !!! ». Je dois
l’avouer, c’est un peu, beaucoup…vrai. Les températures les plus basses ont
avoisiné les 7°, et pour ne pas faire pleurer nos hexagonaux, en partis
couverts d’un manteau neigeux, je ne parlerai pas des températures les plus
hautes. L’indécence a ses limites….Bref, l’hiver à Monastir n’est vraiment pas
mal, et j’en viens à regretter ce fort investissement que fut l’installation
d’un chauffage (au fuel, svp) avant notre départ l’an dernier.
Je disais donc…les premiers rayons de soleil dignes de ce nom,
ont été le déclencheur d’une activité, mise en « stand by »,
révélatrice d’une utilisation prochaine du navire. Révision de l’embarcation,
enfin, entretien courant, devrai-je dire : vidange moteur, vérification de
tout ce qui est durites courroies, vannes …etc… révision des voiles, graissage
de tout ce qui bouge en haut du mat, réglage du haubanage… etc…etc…puis carénage.
Immédiatement après ce dernier, nous passons quinze jours en
France pour voir parents, enfants et amis, une visite chez le médecin, le plein
de médocs pour six mois, et vite, le retour en Tunisie afin d’y ranger
l’intérieur du bateau et d’attendre une fenêtre météo favorable pour quitter le
port avant le deux avril, date obligatoire de notre sortie des eaux
Tunisiennes. Nous profitons d’un minimum de réflexion pour décider que la
saison terminée, nous hivernerons encore à Monastir, et nous réservons d’ores
et déjà une place auprès de la capitainerie.
30 mars 2013
La fenêtre est ouverte !!! La météo étudiée avec
attention, nous décidons d’un départ à
17H30, pour bénéficier de vents portants et nous pousser sous voiles jusqu’à
Lampedusa. Ah oui, je ne vous l’ai pas encore dit, mais notre voyage cette
année se fera vers l’est, plus à l’est que l’an dernier. Enfin en fonction des
dieux qui nous régissent, que sont Poséidon et Eole…..
Petite navigation sans histoire, réflexes vite retrouvés,
nous nous « amarinons » rapidement et allons passer deux ou trois
jours sur cette île accueillante, ne nous démentiront pas nos réfugiés fuyant
la misère du monde. Le plein de fromage fait, les provisions de cochonnaille en
tout genre, saucissons, jambons, petit salé… etc …. (Ah le cochon, qu’il
est bon, et comme il manque en Tunisie) nous lèverons l’ancre du milieu du port
où nous nous sommes mis, pour ne pas subir la houle du sud, rendant les places
au ponton intenables.
Jeudi 04 avril
Depuis la veille, je décortique la météo, et plus les heures
passent, plus je suis convaincu d’une petite fenêtre météo pour aujourd’hui,
afin rejoindre MALTE (100 mn, soit 200 km), à la seule condition de ne pas
trainer en chemin. Sinon, nous sommes bloqués à Lampedusa pour au moins une
semaine. L’île est sympa, mais au mois d’avril, il y fait un peu frais, et les
activités sont réduites au fromage et saucisson. Nous prenons un café avec des
plaisanciers-aventuriers venant également de Monastir, et Laurent « CARACAL » partage mon avis,
d’autan qu’il a un impératif : il doit accueillir sa femme et son fils en
Sicile pour le 13 avril.
A 15H3O, nous quittons Lampedusa, direction E.N/E en
direction de Malte. Nous savons que
le vent va forcir au fur et à mesure de notre avancée, pour atteindre à notre
arrivée les 35nd. (Soit 70 km/h). Nous
partons donc par petit temps et établissons le spi, qui porte pendant près de
quatre heures. Au loin derrière, nous remarquons un voilier qui a pris le même
cap que nous et pensons à « CARACAL ».
Lors d’une rafale, en plein vent arrière, le spi s’enroule autour de l’étai.
Tire, monte, descend, déroule à la main, change de cap, bref tout ce gain de
temps perdu à cause d’une inattention, et voilà CARACAL qui arrive à notre hauteur. Il faut dire qu’il marchait à
voile et à vapeur (!). Le vent monte, nous avons affalé le spi et établi génois
et grand voile, et filons bon train jusqu’à sept/ huit Nds. (soit 14/15 Km/). CARACAL est peu à peu distancé, la nuit
tombe et nous ne le voyons plus. Nous apprendrons plus tard qu’une panne
électrique le privait d’éclairage. La nuit passe, puis la mer, vers les trois
heures du matin, commence à s’affoler et à changer faiblement de direction. Les
prévisions météo se révèlent justes, par rapport à mes estimations et positions.
Nous arriverons pilepoil quand le vent passera de 25 à35 Nds. Je (le Captain)
dois seulement prendre une décision vers les cinq heures du matin, à
savoir : est-ce que je passe au sud-est de Malte, ou par le centre entre MALTE
et COMINO ? La pointe S/E est un cap que je ne connais pas, et il
n’est jamais bon de fréquenter ces genres d’endroits par vents forts !!!
Même si je suis au près pour rejoindre La Valette lorsque le vent sera fort, je serai abrité par l’île et
je n’aurai pas grosse mer : ma décision est prise, je passe entre les deux
iles, Malte et Comino.
Le jour est déjà bien levé, et le vent est établi à 25 Nds.
(soit 50 Km/h). Nous voyons très distinctement Malte. La mer est houleuse et nous sommes un peu secoués mais tout
cela est très supportable ; Brigitte n’est même pas malade, elle a juste
très froid, bien fatiguée par la nuit passée, car elle a peu dormi, mais en
relative bonne forme, et c’est tant mieux. Nous avons bien réduit la voilure et
filons même sous-toilé à plus de six Nds. O8HOO : nous nous engageons dans
la passe entre les deux îles, et profitons de l’abri de Malte. Je fais un tour
d’horizon pour essayer d’apercevoir « CARACAL »,
mais il n’est visible ni derrière, ni au sud; déjà je m’interroge de sa
position….
Nous contournons Malte
par tribord, et commençons à ressentir les 25 Nds de vent établis et, très vite,
le vent monte, monte, monte… 30, 35 Nds (Soit 60, 70 Km/h) plus encore.
La mer est blanche, mais non formée, comme je l’espérais, profitant de la
protection des terres. Bien sur, il faut remonter au vent, mais c’est
l’histoire de six ou sept miles, (Soit 12 ou 14 Km) et puis j’ai réduit au
maximum et mis le moteur en marche.
10H00, nous entrons dans la baie de Sliema Creek, où nous nous amarrons à une bouée. Répit de courte
durée, car nous nous faisons expulser de cet endroit par les capitaines de
bateaux d’excursions que, parait-il, nous gênons. (Il faudrait qu’ils apprennent
à manœuvrer, pensais-je, mais bon…..) Nous nous réinstallons sur deux autres
bouées indiquées par un des fameux capitaines, pour le lendemain nous faire
« éjecter » par la soi-disant propriétaire des bouées : il n’y a
pas de bateau, mais ce sont SES bouées !
« Bienvenue à MALTE »
Nous finissons par nous coller le long d’un très grand
voilier en cours de construction, jamais terminé.
Le lendemain, nous voyons « CARACAL » venir vers nous, démâté, les morceaux de son mât en bois gisant le long des passavants.
Nous lui proposons de venir à couple de notre bateau. ………
A SUIVRE................
Le lendemain, nous voyons « CARACAL » venir vers nous, démâté, les morceaux de son mât en bois gisant le long des passavants.
Nous lui proposons de venir à couple de notre bateau. ………
A SUIVRE................
coucou,
RépondreSupprimerJe suis allée prendre de vos nouvelles pour la première fois depuis qu'on a mangé ensemble à Ollioules avec Marie Anick. On peut dire qu'en matière d'aventure vous ne faites pas dans la 1/2 mesure. Super ce blog. Vous envie un max. agnes