mercredi 10 septembre 2014

ISULA ROSSA

L'ÎLE-ROUSSE







En arrière plan l'île de la Pietra, dont le granit rouge
a donné le nom à la ville.
En second plan, une canne à pêche.
En premier plan, les reliques de quelques malheureuses bêtes
qui n'ont pas survécu à la canne à pêche du second plan.



























Comme je n'ai pas trouvé de vues exceptionnelles à photographier à l’Île-Rousse,
braves gens, vous allez vous farcir un peu d’histoire…

L’île de Beauté évoque au moins deux noms :
Napoléon Bonaparte et Tino Rossi….
Le premier n’a fait qu’y naître,
le second y a chanté…

Mais qui connait

Pasquale PAOLI ?


C’est pourtant lui, l’homme respectable et respecté des Corses.

L’histoire du pays est loin d’être simple et uniforme.

Comme toutes les îles et terres offrant une position stratégique,
 la Corse est envahie par les Vandales,
 les Ostrogoths, les Sarrasins…
avant que Pise ne lui apporte une paix relative.

Mais Gênes louche sur l’île, et, à l’effondrement de Pise, en 1284,
 elle prend la place de sa rivale et s’installe pendant cinq siècles.

L’Aragon, la France, ont des vues sur la Corse.
D’éphémères gouvernements sont mis en place, 
à la suite de soulèvements populaires.

En 1736, Théodore de Neuhoff, baron allemand, 
débarque sur l’île avec des armes.
Il est couronné roi de Corse sous le nom de Théodore Ier.
Mais le roi doit quitter l’île quelques mois plus tard 
en raison de la résistance génoise.

Le père de Pasqual PAOLI est un des ministres de Sa Majesté.
 Il est exilé à Naples par les autorités françaises 
appelées à la rescousse par les Génois.
Son fils le suit.

Brillant étudiant, il s’intéresse aux idées du Siècle des Lumières ;
il parle le latin, l’italien, le français, l’anglais.
 Il suit avec attention les événements corses.

Il rentre en 1755, prend la tête de l’insurrection contre les Génois,
 et est nommé « Général de la Nation ».

Son appartenance à la Franc-maçonnerie
lui permet de mettre en pratique des projets 
où le social tient une grande part.

Il fixe sa capitale à Corte
 et dote l’île d’une organisation politique démocratique et moderne.
 Il fait voter une Constitution avec séparation des pouvoirs
 (Avant celle de la France), 
affirmant la souveraineté de la Nation.

Il réforme la justice, uniforme les poids et mesures,
 crée une armée, une petite marine, 
organise l’enseignement primaire, fonde une Université à Corte,
 fait assécher les marais…
Il fonde l'Île-Rousse.

La tête de Maure devient le symbole officiel de la Nation.

Pendant quatorze ans, Paoli dirige une Corse indépendante.

Mais Gênes se maintient dans les places fortes
 et se tourne vers la France.

Après la défaite de Porto Nuove, Paoli s’exile en Angleterre.

Après un exil de vingt ans, il se rallie à la révolution française.

Il est accueilli par Lafayette
 et reçu au Club des Jacobins présidé par Robespierre.
Louis XVI le nomme Lieutenant-général de l’île.

Après l’échec de sa mission en Sardaigne, 
il est dénoncé comme contre révolutionnaire,
 « traître à la République ».

En 1792, un certain Lieutenant-Colonel Napoléon Bonaparte,
opposé à Paoli, intervient avec son bataillon 
au cours des émeutes d'Ajaccio, sa ville natale,
où plusieurs personnes sont tuées.
La ville, acquise aux idées de Paoli, se dresse contre les Bonaparte.

L' idéal de Paoli d’une Corse indépendante
 rattachée à la France par la personne du roi
 s’effondre à la mort de Louis XVI.

L’idéal démocratique français sombre 
dans les ténèbres de la Terreur.

Paoli cherche donc un allié avec qui fonder
 l’indépendance de son pays.

Il fait appel aux Anglais où il a de nombreux amis Francs-Maçons.
Les troupes anglaises bloquent le port de Toulon,
là ou intervient encore un certain Bonaparte 
(Ironie de l’histoire !)

La Corse approuve la Constitution d’un royaume anglo-corse, 
qui ne dure que deux ans, et duquel Paoli est évincé.

Il reprend le chemin de l’exil et meurt à Londres.


Aux yeux des philosophes, 
tels Voltaire et Rousseau, 
la Corse apparait comme le premier état démocratique 
de l’Europe des Lumières,
 et Paoli comme un « despote éclairé ».

Aux Etats-Unis, les fils de la Liberté se disaient
 inspirés par Paoli 
et son combat contre le despotisme.

La constitution corse de 1755 est utilisée comme modèle 
de la Constitution américaine de 1787.



"J'ose dire que ma vie entière a été un
serment à la liberté"


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