Ou l’histoire d’un pêchaillon
En ce jeudi 5 Juillet, à 8
heures, nous quittons notre mouillage de
SLIEMA CREEK. Dès la sortie du
chenal, nous établissons le spi : direction le Sud de la Sicile. Eole décidera, à l’approche des
côtes, du sens dans lequel nous ferons le tour de la Sicile. Est, Ouest, nous
verrons bien, rien ne nous est imposé….
La traversée d’une cinquantaine de milles se passe
simplement, vent de 5 à 8 Nds, pas de houle, tout au moins jusqu’à mi parcours.
A une vingtaine de milles des côtes siciliennes, je suis
extirpé d’un demi- sommeil par le doux chant d’un moulinet, amorçant le départ
d’une belle prise qui devrait améliorer l’ordinaire……..Quoi que l’ordinaire en
contenterait plus d’un……..
Mais, il ne faut pas
vendre la peau de l’ours…………NON, IL NE FAUT PAS LA VENDRE !
Depuis le départ de Malte, j’avais gréé deux cannes, une
pour le gros, l’autre pour les bonites. C’est donc sur « la grosse »
canne que le poisson a mordu à l’hameçon. Immédiatement les ordres fusent à
l’équipage. ( Ah, il est vrai que nous ne sommes que deux ! ) «
Brigitte, affale le spi ». Je saute sur la canne, et au moment de la
sortir de son support, patatras, le poisson se décroche ! « Stop, ne
touche plus au spi ! »
A peine ai-je pris conscience du ratage, que sur ma gauche
j’entends le miaulement de la petite canne. L’espoir renait, le sourire revient
( J’entrevoie le prix de la vente de la peau de l’ours ! ). Le même
scénario recommence…… Je saute sur
la canne, serre un peu plus le frein du moulinet qui se vide trop rapidement à
mon goût. Brigitte me lance : « Je fais quoi, avec ton spi ? » Le temps de la
réflexion, juste deux ou trois secondes….Le moulinet continue de se vider, la
canne plie……..Je serre encore un peu plus le frein… Que faire ? Il faut réduire la vitesse....Je range, je ne range pas le
spi ?
La canne plie de plus en plus….J’ai mal pour elle…Quelque
chose va se rompre, je le sens…….et flac….
Le prix de la vente de la peau de l’ours n’aura été qu’un
mirage….Merde, merde et remerde, comme disait Cambronne au retour d’une partie
de pêche infructueuse…Mais quel pêchaillon je fais !
Les 20 milles restants se font en obliquant vers l’est. Le
dieu du vent en a décidé ainsi. Le vent forcit, la houle grossit, nous rangeons le spi et
établissons grand voile et génois jusqu’à PORTO
PALO .
Quant à moi, le reste de la traversée me laisse rêveur….le
gros poisson, l’ours, sa peau…
Porto Palo ne nous inspire pas, nous contournons le CAPO
PASSERO , extrémité S/E de
la Sicile, où nous mouillons bien à l’abri, derrière une petite île sympathique ….
J’allais oublier….Une fois l’ancre mouillée, je remonte une
petite canne de traine que j’avais remise en pêche…Je remonte un barracuda
d’une cinquantaine de cm…Le repas est assuré…Comme quoi !!!!!
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