dimanche 10 juin 2012

IL FAUT QUE NOUS VOUS RACONTIONS....



Le Prophète était un lève-tôt ; toute grasse matinée était du temps perdu pour la prière. Donc, s’est-il dit, faisons faire la première des prières journalières au lever du jour…
Le lever du jour, en cette période estivale, et sous cette latitude, c’est 2 h 30, soit 3 h 30 à l’heure tunisienne, moment où le muezzin du haut de son minaret  - c'est un vrai muezzin et non un CD programmé – rappelle que Dieu est grand.
C’est donc à cette heure plus que matinale que le réveil a sonné
le Dimanche 10 Juin, pour un départ prévu à 4 h.
Horus n’a pas daigné ouvrir un œil, mais j’ai senti son étonnement
«  Ils sont fous, ces humains »,et sa désapprobation…
Déjeuner et habillage rapides, et voilà Armand parti, passeports en poche, faire la sortie…
Après une heure d’attente, je m’interroge : serait-ce un enlèvement ? Vont-ils demander une rançon ? Lui arrachent-ils les ongles pour qu’il avoue ou il a acheté sa djellaba ?
Enfin, le voilà, accompagné de deux policiers rigolards et bonnards,
qui ont dû réveiller tout le quai, et par un troisième individu,
visiblement perturbé dans son sommeil, à la mine patibulaire (ou presque )…J’ai intuitivement perçu qu’il allait nous faire payer son réveil intempestif.
-         Bonjour Madame, je suis le douanier, je vais inspecter votre bateau.
-  Mais je vous en prie, entrez donc
-  Vous avez quelque chose à déclarer ? Des armes ?
Moi (battement de cils innocent )
-         Ben, non…
-          -  Vous n’avez pas de fusils ?
Moi, intérieurement : Ciel ! My God ! Mon Allah ! Il sait tout, nous avons été trahis…puis, l’air naturel :
-       -      Des fu...des fufu…des fusils ??
-     -     Non, des fusées !
En quoi les fusées de détresse peuvent-elles intéresser un douanier ? Les aurions-nous achetées en contrebande ?
Que nenni ! L’intérêt des fusées est que ça péte au mariage de la fille ou de la sœur, ou que ça se revend, même dépassée la date fatidique….Il a fallu que je lui montre les fusées !
-         Vous avez de l’alcool ? Je peux voir votre bar ? ….Vous avez des réserves ?
Je soulève donc  le plancher, pour montrer «   les réserves » ,
au moment ou Armand me demande du cockpit : «  reste-il une bouteille de whisky ? »  
Sacrebleu, la bouteille était pour les flics, et voilà que je la donne au douanier pas sympa ! En plus je me trompe de bouteille, et à la place du bas de gamme acheté en prévision des bakchich alcoolisés, je donne un whisky JB, gagné par Armand au dernier concours de contrée à L’Hippocampe !
La journée démarrait sur les chapeaux de pare-battage…
Le départ a eu lieu à 5 h 15 , salué par les policiers toujours joyeux,
qui n’auront pas droit au whisky, et par le douanier, qui a retrouvé le sourire, on ne va pas se demander pourquoi…






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